Un revenu moyen 2024 dégradé par une conjoncture végétale désastreuse, particulièrement céréalière et viticole
Production végétale
L’année 2024 est marquée par un ensoleillement déficitaire et une pluviométrie record, conjugués à une baisse des prix (- 10,5 %), qui affectent les rendements et, par conséquent, les disponibilités (- 9,3 %). Ces éléments entraînent une diminution de la valeur de la production végétale de 18,8 %, représentant 29 % de la production agricole régionale en 2024, contre 34 % en 2023.
Le chiffres d’affaires des céréales et oléo-protéagineux (COP) plonge à nouveau (- 31,9 %) en lien cette fois, avec la chute des volumes (- 25,7 %) et des cours lestés (- 8,3 %) par une offre mondiale excédentaire et une forte concurrence des graines russes et ukrainiennes.
Le bilan viticole (- 32,1 %) rompt avec la tendance de 2022 et 2023, en raison de récoltes décevantes (- 28,5 %) et de prix érodés (- 5 %) par une consommation intérieure et des exportations insuffisantes.
Les conditions climatiques pénalisent également les disponibilités fruitières (- 7,6 %), et donc la valeur (- 6,6 %) malgré des cotations raffermies (+ 1 %).
La filière légumes fait exception avec un bilan positif (+ 11,9 %) sous l’effet combiné de volumes généreux (+ 11,1 %) et de prix consolidés (+ 0,7 %).
Production animale
La valeur de la production animale évolue peu (+ 0,2 %), la hausse de l’offre (+ 2,7 %) compensant une contraction des cours (- 2,4 %).
La décapitalisation bovine aggravée par les maladies vesctorielles MHE (Maladie hémorragique épizootique) et FCO (Fièvre catarrhale ovine) déclarées en 2024 pèsent sur l’approvisionnement (- 2,2 %). Malgré des cotations revalorisées (+ 1,3 %) par le manque d’animaux et un marché porteur, le chiffre d’affaires recule (- 0,9 %).
La collecte laitière (+ 2,2 %) bénéficie du maintien des vaches en ferme et de conditions d’alimentation plus favorables. Avec des cours confortés par la tension sur une offre mondiale en repli, sa valeur progresse à nouveau (+ 2,3 %).
Avec la reprise des abattages, le volume porcin augmente (+ 5,4 %). Mais au vu d’une demande plus frileuse, les prix fluctuent sous les niveaux historiques de 2023 (- 6,8 %), entraînant une baisse du chiffre d’affaires de 1,8 %.
Le secteur avicole poursuit sa dynamique avec des mises en place soutenues, et donc des disponibilités croissantes (+ 8,5 %). Malgré une demande présente, les cotations réajustées après les niveaux inédits de 2023 (- 8,9 %) dégradent le bilan (- 1,2 %).
Conséquence des résultats désastreux dans la filière végétale, la valeur de la production agricole régionale (subventions, services et productions des jardins familiaux compris) décline de 5,9 %.
Graphique 1 : la production agricole ligérienne (yc subventions) s’établit à 8,93 milliards d’euros en 2024, soit 10,1 % de la valeur de la production métropolitaine

Graphique 2 : les valeurs des céréales et des vins, productions les plus affectées par les conditions climatiques, retombent aux niveaux respectifs de 2020 et 2021

Graphique 3 : la production agricole régionale décline (- 5,9 %) par la baisse cumulée des volumes (- 1,6 %) et des prix (- 4,4 %)

Graphique 4 : le volume de la production agricole fléchit (- 1,6 %) tiré par la chute des disponibilités végétales (- 9,3 %)

Graphique 5 : malgré un poids moins important dans la production régionale, la chute des cours des végétaux (- 10,5 %) impacte le prix régional (- 4,4 %)

Consommations intermédiaires
Malgré une baisse du coût des intrants (- 5,4 % en valeur), la valeur ajouté brute est négative.
Les cours bas des céréales et l’abondance des fourrages modèrent la valeur de l’alimentation animale (- 11,8 %). Les prix des engrais et amendements quittent les hauts niveaux de 2023 (- 32,7 %) engendrés par la guerre en Ukraine, d’où une valeur réduite de 25,3 %. Le poste énergie fléchit également (- 3,3 %), la détente du cours du Brent améliorant la facture du gazole non routier et celles des autres carburants, suite à une moindre consommation chinoise et à la réintroduction de barils retirés du marché par l’OPEP+.
Graphique 6 : la chute des prix (- 7,7 %) compense une plus grande utilisation des intrants (+2,4%)

Comptes d’exploitation et de revenu
Les charges d’exploitation (salaires, cotisations sociales et impôts) et les charges locatives nettes s’accentuent (+ 4,5 %), ainsi que les charges d’intérêts dans un contexte de taux toujours élevés. L’investissement stagne, la baisse de l’inflation atténuant le coût de remplacement du capital
Les subventions d’exploitation s’amenuisent (- 8,2 %) pour la 3e année consécutive suite, cette fois, aux moindres aides accordées dans le cadre de l’épizootie d’influenza aviaire.
Revenu net
A l’image de 2023, le revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié (RNEA/Utans) s’appauvrit (- 25,5 %) passant sous le niveau de 2021.
Graphique 7 : la baisse du revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié (RNEAUtans) est limitée par la diversité des productions dans la région mais ne reflète pas les écarts entre les filières

Précisions
Les comptes régionaux de l’agriculture sont établis par les services déconcentrés de la statistique agricole du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, sous la coordination du Service de la Statistique et de la Prospective (SSP). Le SSP et l’Insee assurent la cohérence des comptes infra-nationaux et du compte national qui est présenté à la Commission des Comptes de l’Agriculture de la Nation (CCAN).
La production au prix de base correspond au prix de marché auquel vend le producteur en incluant les subventions qu’il perçoit sur ces produits. En Pays de la Loire, ces subventions (1 % de la valeur totale des biens agricoles en 2024) régressent (- 5,7 % sur un an), résultat d’aides couplées animales moins importantes. Les données 2024 provisoires sont susceptibles d’être modifiées. Les valeurs 2023 sont semi-définitives et celles antérieures à 2023, définitives.
Les comptes de l’agriculture passent en base 2020 qui intègre les résultats du recensement agricole. Les comptes régionaux ne sont pas encore rétropolés, ce qui ne permet pas de comparer au-delà de 2020.
Pour en savoir plus
- Les rapports présentés à la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (juillet 2025)
- Les fiches territoriales basées sur les résultats du recensement agricole 2020
- Les mémentos agricoles
- Les bilans agricoles